Rédaction iXbroker – Londres :
Les marchés pétroliers ont connu une séance agitée ce jeudi, les prix du brut ayant perdu leurs gains initiaux sous l’effet d’une volatilité marquée du dollar américain. Cette tourmente monétaire, amplifiée par des spéculations autour du futur du président de la Fed Jerome Powell et par les dernières déclarations de Donald Trump, s’est répercutée de façon spectaculaire sur l’ensemble des marchés financiers et des matières premières.
Des gains effacés malgré les tensions sur l’offre
Le Brent a démarré la séance en force, atteignant 69 dollars le baril, avant d’effacer ses avancées pour s’afficher à 68,38 dollars en clôture à Londres. Le West Texas Intermediate (WTI) a suivi une trajectoire semblable : progression matinale, puis repli.
Le facteur clé ? La volatilité du dollar, qui a pesé de tout son poids. Les investisseurs ont retenu leur souffle après que Donald Trump, dans une interview, a affirmé qu’il ne prévoyait plus de limoger Jerome Powell, tout en renouvelant sa pression sur la Fed pour une politique de taux plus accommodante.
Giovanni Staunovo, analyste chez UBS, résume : « Ce que nous voyons aujourd’hui sur le pétrole est d’abord dicté par le mouvement du dollar. Les marchés réévaluent leur lecture des intentions de la Fed et du futur de Powell. »
Le dollar, maître du jeu sur les matières premières
La trajectoire du dollar reste déterminante pour la valorisation du pétrole. Un billet vert plus faible rend le brut plus abordable pour les acheteurs internationaux, stimulant la demande et soutenant les cours. Mais l’incertitude politique et monétaire américaine fait resurgir la prudence : le dollar s’est raffermi en cours de séance, entraînant un repli sur le pétrole mais aussi sur d’autres matières premières comme les métaux et les céréales.
Pressions géopolitiques et inquiétudes sur l’offre
Malgré l’effet baissier de la devise, plusieurs fondamentaux continuent de soutenir les prix. Les stocks de brut au hub stratégique de Cushing (Oklahoma) continuent de baisser, nourrissant les craintes sur l’offre future.
De plus, les stocks de distillats américains (gazole, fioul domestique) sont tombés à leur plus bas niveau saisonnier depuis 1996.
Au Moyen-Orient, des attaques de drones sur plusieurs champs pétroliers au Kurdistan irakien ont supprimé près de 200 000 barils/jour de production, accentuant le risque géopolitique — même si l’oléoduc d’exportation reste fermé.
La “crack spread” (marge de raffinage) entre le gazole faible en soufre et le Brent pour septembre a d’ailleurs progressé d’environ 7 % ce mois-ci, signe d’une tension accrue sur ce segment.
Analyse iXDeep : Impact sur les marchés mondiaux
La combinaison de volatilité énergétique, de spéculations sur la Fed et d’incertitudes politiques exerce une influence majeure sur les marchés globaux :
- Forex (Marché des changes) :
Les paires telles que EUR/USD et USD/CHF montrent une sensibilité extrême face aux rumeurs sur la Fed et l’avenir de Powell, générant de brusques mouvements de capitaux et une volatilité accrue.
- Matières premières :
Un dollar faible alimente la hausse des prix des “commodities”. Les traders doivent rester attentifs non seulement à la dynamique de l’offre et de la demande, mais aussi à chaque signal venant de Washington ou des banques centrales.
- Crypto-monnaies :
L’incertitude financière et la défiance envers les monnaies fiduciaires poussent les investisseurs à rechercher des refuges comme le Bitcoin ou l’Ethereum. Toute exacerbation du story-telling Trump-Powell pourrait renforcer cette tendance.
- Marchés actions :
Les grandes valeurs énergétiques et les ETF sectoriels réagissent rapidement à ces enjeux, les risques géopolitiques et politiques se traduisant par une volatilité accrue des cours.
En conclusion, la session d’aujourd’hui montre à quel point les marchés sont sous l’influence de la politique monétaire américaine et de la spéculation sur le leadership de la Fed — bien au-delà de la seule mathématique de l’offre et la demande pétrolières.