Bruxelles prévoit une croissance de seulement 0,9 % en 2025 pour la zone euro, affectée par les tensions commerciales persistantes avec Washington.
La Commission européenne revoit à la baisse la croissance de la zone euro en raison de la guerre commerciale avec les États-Unis
La guerre commerciale prolongée entre les États-Unis et l’Union européenne continue de peser lourdement sur les perspectives économiques de la zone euro. Bruxelles ajuste ses prévisions à la baisse.
Dans ses prévisions économiques du printemps publiées ce lundi, la Commission européenne a revu de manière significative à la baisse ses estimations de croissance pour 2025 et 2026, citant l’affaiblissement du commerce mondial et les tensions commerciales persistantes avec les États-Unis.
Le produit intérieur brut (PIB) de la zone euro ne devrait croître que de 0,9 % en 2025, contre une prévision précédente de 1,3 % publiée en novembre 2024.
Pour 2026, la croissance est estimée à 1,4 %, en baisse par rapport aux 1,6 % précédemment anticipés. Selon la Commission, cette révision est essentiellement due à une conjoncture commerciale mondiale défavorable et à l’incertitude entourant la politique commerciale américaine.
« Les perspectives de croissance ont été révisées à la baisse de manière significative, principalement en raison d’un ralentissement du commerce mondial et d’une plus grande incertitude sur les politiques commerciales », indique le rapport.
Les droits de douane américains pénalisent l’économie européenne
Au cœur de cette révision à la baisse se trouve la guerre commerciale entre les États-Unis et l’Union européenne. Washington impose actuellement des droits de douane de 10 % sur l’ensemble des produits européens, et de 25 % sur l’acier, l’aluminium et les automobiles. Les produits pharmaceutiques et les semi-conducteurs sont exemptés, mais cela n’a pas suffi à compenser l’impact global sur l’économie européenne fortement exportatrice.
La Commission précise que ses prévisions reposent sur l’hypothèse du maintien de ces niveaux tarifaires. Néanmoins, elle souligne que « les risques restent orientés à la baisse », toute escalade potentielle des tensions pouvant freiner davantage l’investissement et la consommation.
D’autres menaces sont également identifiées, telles que la multiplication des catastrophes climatiques et la fragilité persistante des chaînes d’approvisionnement mondiales.
Des scénarios de reprise envisageables
Malgré ce contexte défavorable, le rapport de la Commission mentionne plusieurs facteurs pouvant soutenir une reprise économique. Parmi eux : une désescalade des tensions commerciales avec les États-Unis, l’élargissement des accords commerciaux avec d’autres pays, ainsi qu’une augmentation des dépenses européennes en matière de défense.
La résilience du marché de l’emploi dans la zone euro est également mise en avant. Le taux de chômage devrait continuer à baisser pour atteindre 6,1 % d’ici 2026.
Concernant l’inflation, Bruxelles prévoit une décélération : elle passerait de 2,4 % en 2024 à 2,1 % en 2025, puis à 1,7 % en 2026, ce qui s’approche de l’objectif fixé par la Banque centrale européenne.
Pressions budgétaires en hausse
Malgré une inflation en repli et un marché du travail solide, les finances publiques de la zone euro se dégradent légèrement. Le déficit budgétaire agrégé passera de 3,1 % du PIB en 2024 à 3,2 % en 2025, puis 3,3 % en 2026.
Cette dégradation s’explique par la hausse des dépenses énergétiques, sociales et militaires, combinée à une croissance des recettes fiscales inférieure aux attentes.
Quant à la dette publique agrégée, elle devrait croître de 88,9 % du PIB en 2024 à 89,9 % en 2025, pour atteindre 91 % en 2026, soulevant des interrogations quant à la soutenabilité à long terme des finances européennes.
Conclusion
Le dernier rapport économique de la Commission européenne met en lumière la vulnérabilité croissante de la zone euro face aux perturbations globales. Tant que la guerre commerciale avec les États-Unis perdure, les perspectives de croissance resteront contraintes.
Cependant, la solidité du marché de l’emploi, la baisse de l’inflation et les opportunités d’ouverture commerciale offrent des motifs d’optimisme modéré. Il revient désormais aux décideurs européens de mettre en œuvre des politiques robustes pour renforcer la résilience de l’économie et préserver sa stabilité à long terme.