Une offensive tarifaire inédite face à la menace américaine
L’Union européenne se prépare à une nouvelle épreuve de force commerciale avec les États-Unis. Suite à la menace du président américain Donald Trump d’imposer à partir du 1er août une taxe de 30 % sur les importations issues du Mexique et de l’UE, Bruxelles a réagi rapidement : une liste de mesures tarifaires visant 21 milliards d’euros de produits américains est désormais prête, comme l’a révélé Antonio Tajani, ministre italien des affaires étrangères, dans une interview accordée au quotidien Il Messaggero.
Cette liste de droits de douane devrait entrer en vigueur si aucun accord n’est trouvé entre les deux puissances économiques. Selon Tajani, « ce n’est qu’une première étape : si les négociations échouent, l’UE pourra doubler la mise avec un deuxième paquet tarifaire ». Cependant, il se dit optimiste : « Je reste persuadé qu’un compromis est possible. Les taxes nuisent à tout le monde, et pas seulement à l’Europe. Un effondrement des marchés boursiers pourrait menacer les retraites et économies des Américains ».
Prolongation de la suspension des contre-mesures : l’UE fait preuve de retenue
Afin de donner toutes ses chances à la diplomatie, l’UE a décidé de prolonger la suspension de ses propres contre-mesures jusqu’au début du mois d’août. Il s’agit d’un geste d’apaisement, mais la détermination de Bruxelles est nette : en cas d’échec des discussions, la riposte sera rapide et d’ampleur. Maroš Šefčovič, le commissaire européen au commerce, a averti que des droits de douane américains à 30 % « élimineraient presque tout échange commercial entre l’UE et les États-Unis ».
Mobilisation politique franco-allemande et priorité à la diplomatie
La situation de crise a provoqué une mobilisation sans précédent. Le chancelier allemand Friedrich Merz a annoncé une coopération étroite avec le président français Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. Leur objectif : obtenir rapidement un apaisement et rétablir une relation commerciale stable avec les États-Unis.
« Il est urgent de désamorcer ces tensions et de garantir la stabilité du commerce transatlantique », a déclaré Merz.
Appel au soutien monétaire de la BCE
En parallèle des tractations commerciales, Antonio Tajani a invité la Banque centrale européenne à agir en faveur de l’économie de la zone euro. Il propose de nouveaux programmes d’achat d’actifs (assouplissement quantitatif) et des baisses supplémentaires du taux directeur, afin de rassurer les marchés.
« Nous avons besoin de leviers monétaires pour renforcer la reprise et donner confiance aux investisseurs », a-t-il expliqué.
L’idéal européen : un marché transatlantique sans droits de douane
Pour Tajani, la meilleure issue serait non seulement la résolution de ce conflit, mais aussi l’ouverture d’un vrai marché commun de part et d’autre de l’Atlantique. « L’objectif, c’est zéro droit de douane et une libre circulation commerciale entre le Canada, les États-Unis, le Mexique et l’Europe », a-t-il affirmé.
Cette vision d’un monde sans barrières commerciales reflète la vocation historique de l’UE à promouvoir des échanges ouverts et prospères.
Réaction des marchés et enjeux économiques
L’annonce de ces menaces tarifaires a provoqué une volatilité immédiate sur les places boursières européennes et américaines. Les analystes s’accordent à dire que l’application de ces mesures pourrait bouleverser non seulement le commerce mondial, mais aussi la reprise économique post-pandémie. Néanmoins, les deux camps affirment leur volonté de poursuivre les négociations jusqu’à la date butoir du 1er août.