L’été 2025 marque un tournant inédit pour l’immobilier résidentiel aux États-Unis. Les ruptures de promesses de vente se multiplient à une cadence jamais vue depuis des années : acheteurs comme vendeurs, fatigués par un contexte instable, n’hésitent plus à abandonner leurs négociations. Ce phénomène, révélateur de tensions psychologiques et économiques profondes, résonne déjà sur l’ensemble des marchés financiers, du Forex aux cryptos.
Pourquoi ces transactions partent-elles en fumée ?
Du côté des acheteurs, la combinaison de prix historiques et de taux hypothécaires proches de 7 % a largement sapé le moral. La légère augmentation de l’offre immobilière leur donne aujourd’hui un pouvoir inédit : si les vendeurs refusent d’accorder des concessions (réparations, baisse de prix), les acquéreurs n’hésitent plus à se retirer.
Côté vendeurs, la situation est tout aussi singulière. Beaucoup bénéficient encore de prêts immobiliers à taux ultra-bas, contractés lors de la décennie précédente, et de plus-values impressionnantes sur leurs biens. Rien ne les oblige donc à accepter des offres jugées insuffisantes ; en cas de blocage, ils préfèrent tout simplement retirer leur annonce et attendre un hypothétique retour de la demande.
Résultat : d’après la National Association of Realtors, les ventes de biens existants en juin sont tombées à un rythme annuel de 3,93 millions – niveau le plus bas en neuf mois pour une période habituellement dynamique. La rigidité de part et d’autre ralentit toute la chaîne du marché.
Des chiffres révélateurs
- Ventes annulées : En juin, 57 000 transactions immobilières ont été rompues avant la signature finale, représentant 15 % des ventes — un record depuis 2017 (source : Redfin).
- Retraits d’annonces (delisting) : Selon Realtor.com, les annonces retirées du marché en mai ont bondi de 47 % sur un an, dépassant même le rythme d’arrivées de nouveaux biens.
- Réductions de prix : Plus de 20 % des propriétés mises en vente en juin ont dû revoir leur prix à la baisse, preuve que certains vendeurs s’adaptent, alors que d’autres persistent ou quittent le marché.
On observe deux approches distinctes parmi les vendeurs : ceux prêts à négocier pour conclure rapidement, et ceux qui, faute de conditions favorables, optent pour la patience et le retrait temporaire. « Les deux stratégies se défendent, mais le choix final doit être adapté à la situation personnelle de chacun », commente Danielle Hale, cheffe économiste de Realtor.com.
Impact national et régional
Cette attitude attentiste est particulièrement marquée dans le sud du pays. À Jacksonville (Floride), près de 21,4 % des ventes ont été annulées en juin, un sommet national. D’autres métropoles – Phoenix, Miami, Riverside (Californie) – souffrent d’une flambée des retraits d’annonces et d’annulations, déstabilisant davantage le marché local.
Ailleurs, même les « places fortes » du secteur, à l’image de Grand Rapids (Michigan), voient la dynamique tourner. Ici, le rapport de force glisse vers les acheteurs : les vendeurs qui n’acceptent pas de baisser leur prix quittent tout simplement la partie.
Derrière les statistiques, la réalité humaine
Derrière chaque chiffre, un choix individuel : pour certains acheteurs, la découverte de rénovations imprévues ou de frais cachés suffit à tout arrêter. Des vendeurs, parfois déjà financièrement à l’aise, ne veulent plus faire de compromis après une première concession.
Face à ce climat, les agents immobiliers invitent vendeurs comme acquéreurs à faire preuve de flexibilité, de réalisme et à s’ancrer dans la réalité du marché : la patience n’est cependant efficace que pour ceux qui en ont les moyens.
iXDeep : Analyse – Conséquences pour le Forex et les cryptos
À une échelle macro-économique, la paralysie du marché résidentiel US pèse sur le dollar et fait naître des opportunités sur d’autres actifs :
- Hausse de la volatilité du dollar USD
Un ralentissement prolongé de l’immobilier pèsera immanquablement sur la croissance américaine. Si la Fed y voit un argument pour reporter la normalisation monétaire, le billet vert pourrait s’affaiblir sur le Forex : attention à la remontée attendue de l’EUR/USD ou du GBP/USD.
- Fuite vers les valeurs refuge
Historiquement, les incertitudes sur l’immobilier américain chassent les investisseurs vers le franc suisse, le yen japonais ou encore l’or. Les portefeuilles se rééquilibrent, au détriment des devises considérées comme risquées.
- Montée en puissance des cryptomonnaies
En période de défiance envers les marchés classiques, les actifs décentralisés comme Bitcoin et Ethereum se présentent souvent comme des alternatives – et ce, surtout si la volatilité USD s’accroît. La demande pourrait s’enflammer, même si le contexte reste fragile et dépendant de la politique monétaire US.
En somme : la tension immobilière US pourrait redistribuer les cartes entre devises majeures et cryptos dans les mois à venir.