La Commission européenne examine actuellement le rachat d’Intelsat par SES pour un montant de 3,1 milliards d’euros. Cette opération stratégique vise à renforcer la position de l’Europe dans le secteur spatial, face à des acteurs dominants comme Starlink et le projet Kuiper d’Amazon.
Selon une notification officielle publiée sur le site de la Commission européenne, les autorités de la concurrence de l’Union européenne devraient rendre leur décision d’ici le 10 juin 2025 concernant l’acquisition d’Intelsat par l’opérateur satellitaire luxembourgeois SES, pour un montant de 3,1 milliards d’euros.
La demande d’autorisation a été soumise le 29 avril. Ce rachat vise à constituer un champion européen capable de rivaliser avec les géants américains Starlink, détenu par Elon Musk, et le Project Kuiper d’Amazon.
SES exploite aujourd’hui une flotte multi-orbite d’environ 70 satellites, offrant des services de diffusion télévisuelle, de communications gouvernementales et d’accès Internet par satellite. Acteur clé de l’infrastructure spatiale européenne, SES est perçu comme une alternative stratégique face aux réseaux satellitaires américains.
En cas d’approbation, cette fusion permettrait d’unir les capacités opérationnelles et les actifs spatiaux de SES et d’Intelsat, redéfinissant potentiellement l’équilibre du marché mondial des services satellitaires et renforçant la souveraineté spatiale de l’Europe.
Une procédure d’examen rigoureuse
La Commission européenne a ouvert une phase d’examen préliminaire de l’opération. À l’issue de celle-ci, elle pourra autoriser la fusion, avec ou sans conditions, ou bien ouvrir une enquête approfondie d’une durée maximale de quatre mois si des préoccupations sérieuses en matière de concurrence sont identifiées.
Dans un contexte où la privatisation du secteur spatial et l’innovation technologique s’accélèrent, notamment dans le domaine des satellites en orbite basse (LEO), l’Europe se voit contrainte de renforcer sa compétitivité par la consolidation et l’investissement. Le projet de rachat d’Intelsat s’inscrit pleinement dans cette dynamique stratégique.
Une pression concurrentielle croissante
L’émergence des constellations de satellites nouvelle génération, notamment en orbite basse (LEO), opérées par SpaceX et Amazon, a profondément bouleversé le paysage des communications satellitaires. Ces systèmes proposent un accès Internet plus rapide et plus économique, remettant en cause les modèles traditionnels fondés sur l’orbite géostationnaire.
Face à cela, SES mise sur une architecture hybride combinant des satellites en orbite géostationnaire (GEO) et en orbite moyenne (MEO). L’intégration d’Intelsat pourrait accélérer le développement de cette infrastructure hybride à l’échelle mondiale et diversifier davantage les offres de services.
Les analystes estiment qu’une entité fusionnée SES–Intelsat deviendrait l’un des fournisseurs de services satellitaires les plus technologiquement avancés et évolutifs du marché, capable de rivaliser à armes égales avec les géants américains.
Perspectives
Étant donné l’ampleur de la transaction et ses implications potentielles pour la concurrence et l’innovation, la décision de la Commission européenne sera scrutée de près par l’ensemble du secteur des télécommunications et du spatial. Une autorisation rapide permettrait à SES d’engager son plan d’intégration et d’investissement, consolidant ainsi la position stratégique de l’Europe dans l’économie spatiale mondiale.
En revanche, une enquête approfondie pourrait rallonger les délais de finalisation de l’opération et déboucher sur des exigences réglementaires supplémentaires.
À l’approche du 10 juin, tous les regards sont tournés vers Bruxelles, où se jouera une décision qui pourrait redessiner le paysage concurrentiel des communications satellitaires à l’échelle mondiale.
