Les agriculteurs chinois utilisent le livestreaming pour vendre directement et stimuler l’économie rurale.
Avec l’expansion rapide des technologies numériques, une nouvelle génération d’agriculteurs chinois émerge — connectant les champs à l’écran. Un programme national les forme au livestreaming afin de transformer leurs cultures en opportunités digitales.
Retour en classe pour sauver les récoltes
À la campagne, dans la province du Shandong, Gao Chaorong, 56 ans, ne mise plus uniquement sur sa terre fertile et son savoir-faire agricole. Bien qu’elle cultive encore patates douces, cacahuètes et blé, elle participe désormais à une formation en streaming pour éviter que ses récoltes ne pourrissent invendues.
L’agriculture numérique : moteur de la revitalisation rurale
Depuis quelques années, la Chine a fait de la revitalisation rurale une priorité stratégique. L’un des leviers principaux : la numérisation de l’agriculture. Ce modèle permet aux producteurs de vendre directement en ligne. Ainsi, sont nés les « nouveaux agriculteurs », des exploitants modernisés et connectés.
Explosion des créateurs ruraux sur les réseaux
Le nombre de créateurs de contenus ruraux a augmenté de plus de 52 % sur Douyin (l’équivalent chinois de TikTok) au cours de l’année écoulée. Le hashtag « nouveaux agriculteurs » a quant à lui dépassé les 227 millions de vues sur Xiaohongshu (le « Instagram chinois »). Un signe fort de l’intérêt croissant des consommateurs pour les circuits courts et authentiques.
Les autorités locales passent aussi à l’action
Pour soutenir cette transition, les gouvernements locaux encouragent — voire obligent — certains responsables à donner l’exemple en animant leurs propres lives. À Pingdu, une petite ville, le cadre du Parti communiste Chen Xichuan s’adresse à la caméra, une poire à la main, sous le soleil éclatant.
« Goûtez-la, pressez-la, et préparez un jus frais pour vos enfants », lance-t-il avec enthousiasme à ses spectateurs.
Le livestreaming : nouvelle vitrine des produits fermiers
Alors que les consommateurs chinois achètent désormais tout en ligne — vêtements, maquillage, ail ou œufs — les directs vidéo sont devenus incontournables pour les agriculteurs. Les clients peuvent poser des questions en direct, interagir avec les producteurs et acheter instantanément.
Une formation professionnelle pour se digitaliser
Conscientes de cette mutation, les sœurs Tian — filles d’agriculteurs devenues formatrices en e-commerce — organisent chaque mois un bootcamp intensif. Quatre jours de formation à 5 000 yuans (environ 698 dollars), avec accompagnement à vie. Le programme enseigne comment créer des contenus visuels engageants, écrire des scripts efficaces et capter l’attention grâce à des décors soignés.
Créer un lien, pas seulement vendre
Pendant un atelier, Gao présente une aubergine tranchée en vantant ses qualités culinaires avec assurance. L’instructrice Tian Dongying rappelle : « Vendre, ce n’est pas juste réciter un texte. Il faut établir une vraie connexion avec votre audience. »
Sur le tableau blanc, elle écrit : « Le visuel attire, mais c’est la narration et la confiance qui fidélisent. »
Un milliard d’internautes : une opportunité colossale
Avec plus d’un milliard d’utilisateurs connectés, la Chine détient le plus grand marché numérique mondial. Les agriculteurs qui adoptent ces outils ne font pas qu’augmenter leurs revenus : ils transforment aussi l’économie locale.
Soutien étatique à la transition numérique
Depuis que le président Xi Jinping a fait de la revitalisation rurale une priorité nationale en 2012, les formations numériques destinées aux agriculteurs sont devenues un pilier du développement durable. Pour Gao et d’autres, ce tournant représente bien plus qu’un simple changement de métier : c’est une chance d’être visible, stable financièrement et acteur du futur numérique de l’agriculture chinoise.