La demande croissante d’énergie des centres de données fait grimper les coûts sur le réseau PJM, affectant les factures des consommateurs.
L’essor rapide des centres de données énergivores à travers les États-Unis exerce une pression sans précédent sur le plus grand réseau électrique du pays. Résultat : une hausse des coûts estimée à 9,4 milliards de dollars, qui se répercutera dès ce mois-ci sur les factures des consommateurs du Midwest à Washington D.C.
Une demande énergétique dopée par les centres de données
Selon un rapport de Monitoring Analytics — organisme indépendant de surveillance du marché pour le réseau PJM Interconnection — la croissance des centres de données a entraîné une augmentation de 180 % des coûts dans le marché de capacité, lequel couvre 13 États ainsi que le district de Columbia. Cette hausse est directement liée à l’augmentation soudaine de la demande en électricité.
Les consommateurs en paient le prix
Le rapport souligne que ce sont les ménages et les petites entreprises qui assument les coûts générés par la ruée des géants technologiques vers les centres de données. « Les conditions actuelles ne résultent pas d’une croissance organique de la charge », affirme le rapport. « Elles sont presque entièrement dues aux nouvelles charges massives apportées par les centres de données, qu’elles soient historiques ou prévues. »
Un coût de capacité record
Le coût de l’approvisionnement en capacité sur le réseau de l’Est des États-Unis a atteint un sommet historique de 14,7 milliards de dollars. Sans la demande réelle et anticipée des centres de données, ce coût aurait pu être limité à environ 5 milliards. Ces coûts, fixés par enchères, entreront en vigueur pour une durée d’un an à compter de ce mois. La Virginie et le Maryland enregistrent les augmentations les plus marquées.
La réponse du gestionnaire de réseau PJM
Dans un communiqué, le porte-parole de PJM, Jeffrey Shields, a déclaré : « Ce rapport confirme ce que PJM soutient depuis longtemps : la hausse des prix lors de la dernière enchère est due aux conditions de l’offre et de la demande ». Il ajoute que le rapport est actuellement en cours d’examen approfondi.
Des pics de consommation à venir
Selon les prévisions de PJM, la consommation maximale estivale pourrait grimper jusqu’à 220 gigawatts au cours des 15 prochaines années. Cela représenterait une hausse de 32 % par rapport au record historique de 165,6 GW enregistré en 2006, et dépasserait les capacités actuelles de production, évaluées à 183 GW.
Des doutes sur la structure des marchés électriques
Ce rapport survient alors que la Commission fédérale de régulation de l’énergie (FERC) organise une conférence technique pour évaluer si les marchés libéralisés de l’électricité, en place depuis plus de 20 ans, peuvent encore soutenir l’investissement, intégrer les énergies renouvelables et garantir des tarifs justes et fiables pour les consommateurs.
Un déséquilibre de plus en plus critiqué
Des voix s’élèvent pour dénoncer une structure de marché qui permet aux géants du numérique de faire supporter leurs coûts d’infrastructure par le grand public. Cela soulève des questions fondamentales sur l’équité énergétique, la viabilité des mécanismes d’incitation, et la planification à long terme.
Un équilibre entre croissance numérique et stabilité du réseau
Bien que les centres de données soient essentiels à l’économie numérique, à l’intelligence artificielle et aux services en cloud, leur développement incontrôlé pourrait compromettre la stabilité et l’efficacité du réseau. Les décideurs doivent mettre en place des politiques qui favorisent l’efficacité énergétique tout en soutenant les investissements stratégiques dans les infrastructures.
Conclusion : un besoin urgent de planification énergétique stratégique
La hausse de 9,4 milliards de dollars dans le marché de capacité PJM est un signal d’alarme sur les tensions structurelles qui secouent le secteur énergétique américain. Sans intervention, la croissance des centres de données pourrait engendrer une crise encore plus profonde. Une coopération étroite entre secteur public, privé et régulateurs est désormais indispensable pour garantir un avenir énergétique durable.